L'évolution de femmes et d'hommes à travers la matière
UNION COMPAGNONNIQUE DES COMPAGNONS
DU TOUR DE FRANCE
DES DEVOIRS UNIS
Section locale en région Grand Est
LE COMPAGNONNAGE
Servir sans se servir, ni s'asservir
Les origines du compagnonnage remontent, dit-on, à la nuit des temps. Les constructions lointaines en effet, même des plus rudimentaires, nécessitaient souvent plusieurs mains pour bâtir des ouvrages qui rapidement se groupèrent pour former les premières communautés humaines.
Mais c’est surtout à la naissance d’une nouvelle civilisation que les ouvriers éprouvèrent le besoin de se regrouper en corporations, guildes et compagnonnages.
En effet en se référant aux principaux écrits sur le sujet, l’origine du Compagnonnage se situerait à la construction du Temple de Salomon, œuvre éminemment symbolique.
Cependant le symbole ayant sa correspondance dans la réalité, les Compagnons ne purent s’empêcher, au fil des siècles, de se mettre au service de celui qu’ils dénommèrent à juste titre le Grand Architecte de l’Univers.
Par filiation ils avaient acquis ainsi l’Art du Trait, établi sur des lois tout aussi universelles qui leur permirent en tous lieux et à toutes les époques, de construire des édifices somptueux à sa gloire et laisser ainsi en témoignage aux civilisations futures le point d’évolution où l’Humanité était alors arrivée.
D’ailleurs cet Art du Trait n’était pas seulement destiné à l’architecture, mais également pour tout ce qui était alors nécessaire à la société ainsi établie : draperie, cordonnerie, orfèvrerie, gastronomie, etc, etc… , bref tous les corps de métiers ; ils furent ainsi la Main de l’œuvre aujourd’hui abrégée en main d’œuvre.
Cependant à la fin d’une époque marquée par ces constructions, les Compagnons s’engagèrent sous serment à véhiculer secrètement leur savoir par leurs rites, tracés, reconnaissances, chants, formation, transmission et divers autres moyens à leur disposition, afin de pouvoir faire ressurgir ces connaissances et ainsi les mettre au profit d’une civilisation prochaine.
Aujourd’hui, dans ces périodes troubles où l’on ne peut distinguer la faible lueur d’une civilisation nouvelle, le Compagnonnage divisé en plusieurs sociétés n’a qu’un espoir, c’est de se remettre au travail
.
En 2010, le Compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier, est inscrit par l'UNESCO sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
L'UNION COMPAGNONNIQUE
Rassemble des femmes et des hommes de différents métiers manuels autour d'un même idéal : apprendre, progresser et transmettre ses connaissances tout en s'affirmant en tant qu'être humain
L'UNION COMPAGNONNIQUE DES COMPAGNONS DU TOUR DE FRANCE DES DEVOIRS UNIS est l'une des trois sociétés officielles du paysage compagnonnique français actuel ; elle a été créée en 1889 par des Compagnons de divers Métiers et appartenances désireux de mettre fin aux querelles intestines qui minaient le Compagnonnage d'alors.
Son fonctionnement est hérité des pratiques séculaires de voyage, de transmission, de perfectionnement moral et professionnel propres aux sociétés ouvrières issues de la période médiévale ; elle vise avant tout à accompagner l'ouvrier qui transforme la matière en le plaçant dans une perspective collective de travail et de respect mutuel, vers une autonomie dans la pratique et l'éthique de son Métier.
Le Tour de France, rendu possible par la présence de 24 maisons compagnonniques, dites "cayennes", en France et en Suisse, héritières des sièges et auberges d'autrefois, dans lesquelles les itinérants trouvent à se loger, s'étend sur plusieurs années (de quatre à dix environ, selon le niveau et la progression) et est sanctionné par deux étapes cruciales lors desquelles l'ouvrier est amené à présenter des travaux ; la première est dite d'Admission et fait du récipiendaire, si son travail est jugé satisfaisant, un Aspirant ; la deuxième, dite de Réception, sanctionne la fin du Tour de France et fait de l'Aspirant, toujours après étude de son Travail, un Compagnon ; Celui-ci ne quitte toutefois pas la Société comme cela se pratiquait autrefois, mais au contraire continue à en être un membre actif (et bénévole comme tous les membres de la Société).
L'Union Compagnonnique est une association loi de 1901 et fonctionne en fédération, chaque maison étant une association autonome, liée à une direction générale sise à la Maison des musiciens italiens à Versailles.
Texte rédigés par deux Compagnons travaillant la pierre :
Olivier Badermann, Strasbourgeois la Sagesse dit la Persévérance,
et Antoine Arnaud, Savoyard l'Enfant de la Lumière
En 1842, à Lyon, les "Anciens" des Devoirs de Maître Jacques et du Père Soubise fondèrent la Société des Amis de l'industrie, dans un but de secours mutuel. D'abord ouverte aux seuls Enfants de Maître Jacques, elle accueille en 1865 ceux de Salomon.
En 1884, à Lyon encore, la Société des Anciens Compagnons de tous les Devoirs Réunis vit le jour. C'est elle qui, voulant poursuivre l’œuvre d'Agricol Perdiguier, prit l'initiative d'un immense banquet réunissant tous les Compagnons, à la Rotonde le 2 avril 1865. Sous l'impulsion de Lucien Blanc, Provençal le Résolu, Compagnon Bourrelier-harnacheur du Devoir, ces deux sociétés fusionnèrent en 1872.
En 1874 apparut une "Fédération Compagnonnique" placée sous le patronage des trois Fondateurs. L'article 6 de ses statuts prévoyait : « Tous les Compagnons sont Égaux, les rangs, les préséances sont abolis ». Elle est constituée par l'adhésion de 27 sociétés de Compagnons retirés.
Cette fédération devient l'Union Compagnonnique en 1889
Tout cela ne s'est pas fait sans mal et l'énumération de tous les congrès nécessaires pour parachever cette œuvre serait fastidieuse. Mais qu'importe, une longue route, faite d'esprit d'entreprise et de volonté unitaire s'ouvrait désormais à l'Union Compagnonnique.
Aucune des deux guerre mondiales ne l'épargnèrent, beaucoup de Compagnons périrent. Ces épreuves furent surmontées et l'Union, si elle ne prétend pas être la seule héritière des idées généreuses d'Agricol Perdiguier, tire sa fierté d'être la descendante directe de ceux qui, les premiers, ont accueilli le message de cet illustre précurseur.